Les Dispositifs d’AutoRégulation (DAR)

Les Dispositifs d’AutoRégulation (DAR)
01.09.2025 L’essentiel Temps de lecture : 9 min

L’autorégulation est l’une des approches pour accompagner les élèves avec des troubles du neurodéveloppement vers leur autonomie scolaire.

Issus de la stratégie nationale 2023-2027 pour les troubles du neurodéveloppement (autisme, dys, TDAH, TDI…), les dispositifs d’autorégulation (DAR) sont en cours de mise en place dans les établissements scolaires.

Qu’est-ce qu’un DAR ?

 

Les dispositifs d’autorégulation (DAR) sont des dispositifs mis en place au sein d’école élémentaire, de collège ou de lycée (général, technique ou professionnel). Les enfants qui profitent des DAR apprennent à mieux comprendre et mieux exprimer ce qu’ils ressentent et s’entraînent à travailler de manière de plus en plus autonome.

 

Ce dispositif s’appuie sur une équipe pluriprofessionnelle d’autorégulation qui vient soutenir la scolarisation des élèves avec TND et qui vient en appui à  l’ensemble des enseignants de l’école. Ceux-ci peuvent ainsi s’appuyer sur les compétences en lien avec l’autorégulation pour rendre leur enseignement plus accessible.=> c’est quoi les compétences en lien avec l’autorégulation ?

 

Cette équipe pluriprofessionnelle d’autorégulation est organisée en coopération entre un établissement ou un service médicosocial (ESMS) et l’Education nationale. Elle comprend un enseignant et des professionnels médico-sociaux.

 

Ils sont définis par l’instruction interministérielle du 05-09-2024 « « Déploiement de l’autorégulation en milieu scolaire »   publiée au Bulletin Officiel du 12 septembre 2024 qui comporte 3 annexes  :

 

Les professionnels du dispositif DAR travaillent au sein même de l’établissement scolaire.

 

« La salle d’autorégulation, où travaillent l’enseignant dédié, l’équipe médico-sociale et tout autre enseignant de l’école, n’est pas une classe mais un lieu dédié à des activités d’entraînement à l’autorégulation et d’anticipation sur les activités d’apprentissages conduites dans toutes les classes de l’école ou du collège (lecture, graphisme, mathématique, langue vivante, etc.). Les ateliers proposés aux élèves s’organisent individuellement ou en petits groupes. »

https://handicap.gouv.fr/les-dispositifs-dautoregulation

 

Cette équipe proposent des temps d’observation des élèves pour venir en appui auprès de l’enseignant, dans toutes les classes de l’école et dans la classe référente où se trouvent des élèves orientés vers le DAR. Elle propose à l’enseignant des aménagements de classe et des outils (par exemple : un timer pour les activités, un renforçateur de concentration, du matériel adapté, etc.).

 

L’équipe du DAR peut également intervenir lors des temps extrascolaires : récréation, cantine, périscolaire, sorties extérieures, etc.

 

A titre d’exemple, à ce jour, dans le Rhône, le DAR accueille 10 enfants maximum. L’expérience du DAR d’une école de la ville de Saint-Fons est relatée ci-dessous.

L’autorégulation est la capacité que peut avoir une personne à maîtriser ses pensées, ses émotions et ses comportements. Les compétences d’autorégulation favorisent la réussite et l’autonomie de tous les élèves.

On définit trois processus distincts dans l’autorégulation :

  • l’auto-observation de son activité, de son comportement par l’élève, pour obtenir       de l’information sur sa propre manière d’agir, de réfléchir ;
  • l’auto-évaluation pour pouvoir mesurer l’écart entre sa manière d’agir et ce qui est attendu mais aussi évaluer sa performance en se fondant sur des normes préétablies ;
  • l’auto-réaction où l’élève agit à la suite de l’évaluation de son comportement régi pour trouver un équilibre personnel

Cette approche globale (biologique, émotionnelle, cognitive et sociale) résulte d’un apprentissage et d’un entraînement spécifiques et continus. Cela a pour effet principal d’augmenter l’autonomie de l’élève, sa motivation, l’utilisation optimale de ses fonctions exécutives.

Pour en savoir plus vous pouvez consulter l’article sur le déploiement de l’autorégulation en milieu scolaire proposé sur le site TDAH France.  https://www.tdah-france.fr/Deploiement-de-l-Autoregulation-en-milieu-scolaire.html

C’est une approche fondée sur les réponses aux besoins des élèves avec troubles du neurodéveloppement (TSA, Dys, TDAH, TDI) qui ont la capacité de suivre, y compris avec des écarts d’acquisition scolaire, le programme du cycle d’apprentissage dans lequel ils sont inscrits, avec les adaptations et les aménagements nécessaires.

 

L’admission s’effectue conjointement par le directeur d’école et le directeur de l’établissement médico-social après avoir reçu la notification de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). En effet, la notification de la CDAPH indique le mode de scolarisation (« autorégulation à l’école »), et concomitamment, l’orientation vers l’établissement ou le service médicosocial (ESMS) ayant conclu une convention avec l’école de l’élève.

 

A savoir : Une orientation vers un DAR remplace une notification d’AESH. Les enfants bénéficiant du DAR ne bénéficient pas d’AESH Les enfants seront donc inscrits sur l’école et sur l’établissement médico-social.

Si l’enfant ne peut pas être accueilli dans le service ou l’établissement médico-social (en raison des délais d’attente notamment), il pourrait tout de même bénéficier du DAR.

 

« De plus, la présence, dans l’école, d’une équipe formée à l’autorégulation et son adhésion aux principes d’accessibilité universelle, conduit à repenser certaines règles générales de fonctionnement (par exemple : système d’évaluation et de sanction) et certains aspects de l’organisation générale (par exemple : récréation, accueil en début de journée, pause méridienne). Cela permet donc à tous les élèves de bénéficier d’un cadre éducatif plus cohérent. Tous les élèves deviennent plus autonomes et s’exercent à vivre dans une société inclusive. »

https://handicap.gouv.fr/les-dispositifs-dautoregulation

L’équipe du DAR de la ville de Saint-Fons (69) nous présente leur dispositif. Le DAR de Saint Fons est installé dans l’école Salvador Allende. Le dispositif a commencé son travail auprès d’enfants avec un trouble autistique, mais il s’adresse désormais plus largement à des enfants qui ont un trouble du neurodéveloppement.

L’équipe a aménagé une salle d’autorégulation au sein de l’école dans laquelle les enfants peuvent bénéficier de temps individuels ou en groupe. Mais l’objectif est que les enfants soient en classe le maximum de temps.

Dans un premier temps, l’équipe du DAR va observer l’enfant en classe :  comment l’enfant vit son « métier d’élève », sa vie sociale, la compréhension et le respect des règles, comment il demande de l’aide, ses compétences académiques et ses difficultés… Cela donne lieu à des échanges avec l’enseignant. Après l’observation, elles mettent en place différents temps : groupes d’habiletés sociales, temps d’apprentissages scolaires (français, maths) … Ce peut être des temps en duo avec l’enseignante avec des objectifs progressifs ou bien des groupes d’enfants de la classe (pas seulement l’enfant orienté vers le DAR). Ces groupes évoluent dans l’année, ils sont constitués avec les enseignants.

Le dispositif a pour ambition de bénéficier à tous les enfants de l’école.

L’équipe a aussi des missions à l’année, par exemple elle participe au projet de décloisonnement lecture des CP-CE1 ouverts à tous les enfants. L’enseignante propose aussi un groupe théâtre pour travailler la gestion des émotions ou des conflits par exemple.

L’emploi du temps de l’équipe est donc fluctuant et change à chaque période en fonction des besoins, souvent évalués lors des conseils des maîtres.

La collaboration avec les enseignants demande beaucoup de temps d’échanges à l’équipe du DAR et aux enseignantes de l’école. Cela peut demander aux professionnels de se questionner sur ses pratiques. A ce jour, à Saint-Fons la collaboration se passe bien.

L’équipe utilise parfois des jeux de société pour apprendre à perdre, à respecter les règles, à adapter son comportement, à gérer ses émotions. Elles proposent des « clés » et des petites stratégies à l’enfant dans un environnement sécurisant, avec pour objectif qu’il les utilise de manière autonome. C’est le propre de l’autorégulation.

A titre d’exemple, un petit garçon n’est pas parvenu à gérer un instant de la récréation, il arrive en pleurs dans la classe du DAR. La salle est un lieu pour travailler et apprendre à être bien avec soi, avec les autres mais c’est aussi un espace où l’enfant peut venir souffler, se reposer.

L’équipe a des outils d’éducation structurée. Elles utilisent des time timers dans les classes, des emplois du temps visuels, des séquentiels de séance, des pictogrammes, des outils de mise au travail pour l’autonomie et bien d’autres outils qu’elles font évoluer tout l’année.

En séance d’apprentissage, des rituels sont mis en place pour qu’ensuite l’enfant les réutilise en classe, sans la présence de l’enseignante du DAR.

« En tant qu’enseignant en DAR, il y a le temps de prendre le temps »

Parfois l’enfant acquiert de plus en plus d’autonomie et s’approprie les outils et parfois « tout s’écroule », l’enfant ne sait plus les utiliser. Il faut de la patience car beaucoup d’éléments ou des changements (absence d’un enseignant, changement dans le milieu familial) peuvent avoir un impact. Un outil peut fonctionner avec un enfant et pas avec un autre.

Cette expérience amène chacun à repenser ses pratiques professionnelles et voir les aspects positifs et constructifs d’une collaboration entre les professionnels du secteur médico-social et de l’Education nationale… Cette émulsion collective va dans l’intérêt des enfants et fait intégralement partie du projet de l’école.

Un grand merci à toute l’équipe du DAR de Saint Fons pour le partage de leur expérience et réflexions, ainsi qu’à Julie, stagiaire au sein de l’équipe Enfant-différent au cours de l’année 2025.

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