Comment faire pour que l’accueil des enfants en situation de handicap soit porté par toute l’équipe ?

Comment faire pour que l’accueil des enfants en situation de handicap soit porté par toute l’équipe ?
14.09.2020 Réflexion sur Temps de lecture : 8 min

Les craintes des professionnels vis-à-vis du handicap peuvent générer le besoin d’un diagnostic et des informations précises sur la pathologie pour se rassurer. Cependant, ces informations sont-elles nécessaires si on reste dans le cadre d’un accueil qui est un lieu de vie et non de soins ?

La question de l’accueil des enfants en situation de handicap génère parfois des craintes de la part des professionnels qui ne s’y sentent pas préparés et ont le sentiment que certaines situations nécessitent une posture et des compétences particulières.

Le gestionnaire de la structure nous demande d'accueillir des enfants en situation de handicap. En tant que directrice, je suis convaincue de l'intérêt de le faire, mais les professionnels sont effrayés et voient cela comme une contrainte, une surcharge de travail...

Ainsi, les professionnels ne se sentent pas toujours compétents pour ce type d’accueil et préparés à travailler dans le cadre de ces projets. Les craintes des professionnels vis-à-vis du handicap peuvent générer le besoin d’un diagnostic et des informations précises sur la pathologie pour se rassurer. Cependant, ces informations sont-elles nécessaires si on reste dans le cadre d’un accueil qui est un lieu de vie et non de soins ?

Dans la structure, il y a un référent pour Stella et Maoud qui sont en situation de handicap. C'est lui qui s'occupe de ces deux enfants, la limite en est que le reste de l'équipe se sent peu concerné.

L’accueil d’enfants en situation de handicap nécessite une posture professionnelle adaptée, mais aussi un projet partagé par l’ensemble de l’équipe, travaillé collectivement. Même lorsque ceci est le cas, le problème se pose de nouveau lorsqu’un professionnel arrive dans l’équipe. Celui-ci peut être confronté rapidement à des situations qui demandent une réponse immédiate et adaptée, avant même e s’être approprié le projet et la pratique qui en découle, appropriation qui demande du temps…

La réussite de l’accueil des enfants en situation de handicap et leurs familles nécessite donc une réflexion et une prise en charge de l’ensemble de l’équipe.

Comment faire alors en sorte que le projet d’accueil des enfants en situation de handicap soit travaillé collectivement et porté par l’ensemble de l’équipe.

Des pratiques

Associer les professionnels à la décision d’accueil

Notre lieu d’accueil est connu et reconnu pour son projet autour du handicap. Nous avons été vite confrontés à une explosion des demandes, alors que nous voulions garder des places pour des enfants qui ne sont pas en situation de handicap.

Nous avons mis en place des critères, mais très vite s’est posée une autre question : qui est légitime pour les définir ? En effet, les professionnels s’épuisaient, alors que l’association avait tendance a vouloir continuer a accueillir tous les enfants sans prendre en compte le type de handicap et les incidences pour l’équipe.
Ces tensions nous ont conduits a imaginer une commission qui croise des points de vue différents : gestionnaire, professionnels.

Une commission d’admission a été créée ce qui permet une plus grande réflexion sur les accueils. Il y a « cogestion », et les choix sont plus facilement acceptés et assumé par toute l’équipe.
Les décisions d’accueil sont prises en tenant compte du point de vue gestionnaire sur le respect du projet associatif (accueillir tous les enfants), la « rentabilité » nécessaire du service, et celui des professionnels sur la faisabilité au quotidien…la décision d’accueillir tel ou tel enfant est réfléchie avec les professionnels pour savoir comment ils vont gérer la situation.

Assurer une formation à l’équipe

Dans notre lieu d’accueil, avant la mise en place du projet autour du handicap, l’ensemble de l’équipe à reçu une formation sur les représentations, notre rapport a l’altérité. Il st important d’identifier les points de mal-être, comment travailler en équipe en prenant en compte les aspects les plus difficiles pour les uns et pour les autres. Cela nous a permis de gagner en cohésion d’équipe.

Nous n’avons pas réalisé au départ de démarche particulière en termes de formation, estimant que les lieux d’accueil petite enfance sont amenés à accueillir et à s’adapter à la diversité des enfants et des situations. C’est en travaillant au fur et à mesure les questions qui se posaient que l’équipe s’est formée.

Les temps d’analyse de la pratique nous permettent de discuter ensemble de chaque enfant, des difficultés que nous pouvons rencontrer et de l’organisation du lieu d’accueil. Ils renforcent l’esprit d’équipe et facilitent l’appropriation du projet.

Travailler la composition de l’équipe et les profils de poste

Une partie de l’équipe ne se sentait pas prête à accueillir des enfants en situation de handicap, nous avons travaillé sur les profils de poste permettant d’avoir des personnes référentes pour l’accueil des enfants en situation de handicap, mais parallèlement nous avons aussi revu l’organisation interne, la transmission nécessaire pour pallier leur absence éventuelle. Si pour les familles et parfois pour les professionnels, il est plus facile d’avoir un seul référent pour chaque enfant, dans le quotidien, l’enfant es pris en charge par toute l ‘équipe. Il y a donc des manières de faire différentes qui doivent cependant toutes respecter la sécurité de l’enfant.

Le lieu d’accueil a fait le choix de recruter une équipe pluridisciplinaire ayant des formations différentes afin d’assurer une complémentarité dans la prise en charge et la réflexion. Cela aide à ce que toute l’équipe se sente concerné par le projet. Par ailleurs le projet de lieu d’accueil est présenté à chaque professionnel au moment des son recrutement de façon à faciliter l’adhésion à ce projet.

Des principes

Réfléchir sur la question du handicap en proposant une formation à l’ensemble de l’équipe permet de travailler sur les représentations individuelles ou collectives, de reconnaitre les peurs de professionnels, de les travailler en équipe et donc de les dépasser pour construire un projet commun. Ce travail ne peut se faire que dans un climat de confiance entre le personnel.

Pour évite que l’accueil d’un enfant en situation handicap ne soit que l’affaire du référent, ce qui stigmatise l’enfant et ne permet pas l’équipe de progresser, il peut être important que tous les professionnels s’occupent de l’enfant, même si le référent joue un rôle particulier de suivi. Il est important de réfléchir aux informations qui peuvent être partagés en équipe en veillant cependant à préserver l’intimité de la famille.

Présenter le projet d’accueil au moment du recrutement de professionnels permet de rechercher les compétences nécessaires e de recueillir l’adhésion du nouveau membre de l’équipe. Son arrivée peut être anticipée en prévoyant les moyens de l’informer sur le fonctionnement de la structure dont PAI et protocoles.

Proposer des temps et espaces d’expression aux professionnels, que ce soit lors de temps d’analyse de la pratique ou d’analyse institutionnelle, est primordial pour faciliter la prise de distance par rapport aux vécus parfois difficiles liés à la prise en charge des enfants.

Des repères

Droit à la formation continue

Loi n°2004-391 du 4 mai 2004 relative à la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social : chaque structure d’accueil a l’obligation de cotiser en tant qu’employeur, à un fonds de formation géré par un organisme collecteur paritaire agréé (par exemple : Uniformation, Habitat Formation,…) qui peut être sollicité pour prendre en charge les frais de formation du professionnel. (Coût de la formation en individuel ou sur site, frais éventuels de déplacement, repas et hébergement).

Formations continues des professionnels petite enfance

Dans le cadre de la formation continue, les professionnels de la petite enfance peuvent bénéficier d’un certain nombre de formations complémentaires à leur formation initiale. Si certaines sont plus spécifiques au champ du handicap (accueillir un jeune enfant handicapé ; les représentations du handicap ; jeu jouet et handicap ; l’enfant handicapé et la musique, …), la majorité concerne la petite enfance en général. C’est notamment le cas de formations aux gestes de premiers secours (AFPS), à la psychomotricité du jeune enfant, à l’accueil de la diversité, à l’implication des parents, …

En fait, en regardant de plus près le contenu de ces formations, il apparait que les compétences acquises dans nombre de formations plus « spécifiques » sont tout aussi bénéfiques pour les enfants « ordinaires » et vice-versa.

Ce texte est un extrait du livre « Une place pour chacun, une place pour tous », ouvrage collectif co-édité par l’ACEPP et l’association Une souris verte.

Pour en savoir plus sur ce livre, consultez le site Une Souris Verte.

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