Litige avec une administration : les référés

Litige avec une administration : les référés
01.10.2025 L’essentiel Temps de lecture : 8 min

Vous estimez qu’un de vos droits n’est pas respecté, que vos intérêts ou ceux de votre enfant ne sont pas sauvegardés ou qu’un dommage grave ou imminent peut se produire, suite à une décision administrative., Le juge peut alors prendre des mesures et suspendre ou annuler la mesure en urgence.

Les référés sont des procédures qui peuvent vous aider :

  • Le référé suspension : lorsque la décision de l’administration vous semblerait illégale et qu’il y a urgence à statuer. Il est recommandé quand il n’est pas nécessaire que le juge se prononce dans les 48h.
  • Le référé liberté :  lorsque la décision de l’administration porte manifestement et gravement atteinte à une liberté fondamentale et qu’une décision très rapide est nécessaire.

Le premier concerne la contestation d’une décision spécifique, tandis que le second vise la défense d’une liberté fondamentale.

Ces démarches permettent d’avoir une réponse rapide du juge. Celui-ci peut notamment suspendre une mesure. S’agissant du juge du référé suspension, la décision est provisoire. Il ne rend pas une décision sur le fond de l’affaire, qui doit être examinée ultérieurement par une autre voie de recours.

Le référé suspension

Définition

Vous êtes dans une situation où une décision prise par une structure ou administration (par exemple, l’école, la mairie, ou un autre organisme public) vous semble injuste, mais que vous n’avez pas le temps d’attendre la décision finale d’un tribunal pour résoudre le problème. Vous voulez que la décision soit suspendue immédiatement parce qu’elle vous cause un dommage important et urgent, le référé-suspension peut être une solution.

C’est une procédure qui vous permet de demander au juge administratif de suspendre temporairement, en urgence, l’exécution d’une décision administrative qui vous est défavorable et dont vous contestez la légalité.

Exemple : L’établissement scolaire a refusé de mettre en place les mesures d’aménagement adaptées, sans raison, en dépit de la notification MDPH et des besoins particuliers de l’enfant.

Conditions

Voici les conditions à respecter pour pouvoir effectuer un référé suspension, conditions que le juge vérifiera :

  • Un recours au fond parallèle : Il faut avoir déposé au préalable une requête en annulation ou en réformation (requête au fond) contre la décision dont vous réclamez la suspension. Ce recours au fond est déposé également devant le juge administratif, via télérecours, et doit être joint au référé suspension.
  • Une situation d’urgence :  Il faut justifier de l’urgence qu’il y a à suspendre l’exécution de la décision (exemple : l’enfant rencontre des difficultés majeures à suivre le programme scolaire, ce qui entraîne une nette régression de ses acquis et une augmentation de son anxiété suite à la décision).
  • Un doute sérieux sur la légalité de la décision : Il faut démontrer qu’il y a de sérieuses raisons de penser que la décision est illégale (exemple : la décision de l’établissement scolaire de ne pas accorder l’AESH à mon enfant semble illégale car elle va à l’encontre de l’avis explicite de la MDPH).
  • Démontrer que la décision n’est pas entièrement exécutée.

Démarches

Pour une requête au juge des référés devant le tribunal administratif (TA), il est possible d’agir sans avocat, car la représentation par avocat n’est pas obligatoire en référé.

Votre requête doit inclure certains éléments obligatoires pour être recevable :

  • Votre nom, prénoms et adresse.
  • L’objet de votre demande (exemple : « Demande d’annulation d’une décision administrative en urgence »)
  • Dans le corps : les faits, les arguments qui démontrent l’illégalité de la décision, la nécessité d’une décision d’urgence.
  • Joindre une copie de la décision et toutes les pièces justificatives qui appuient vos arguments.

La procédure en référé est gratuite.

Finalité

Le juge des référés se prononce dans un délai d’environ  1 mois après l’introduction de la requête.  Il faut être présent à l’audience. L’administration est également en principe présente à l’audience pour se défendre.

Il peut donc ordonner la suspension de l’exécution de la décision contestée, mais de manière provisoire. Dans ce cas, la décision ne sera pas exécutée.

S’il s’agit d’une suspension de décision administrative de refus, le juge des référés oblige l’administration à suspendre provisoirement les effets de son refus. 

Vous pouvez aussi demander au juge des référés de prononcer, en même temps que la suspension, une ou plusieurs injonctions à l’encontre de l’administration.

Le référé liberté

Définition

Vous êtes dans une situation où vous estimez qu’une décision prise par une autorité publique porte atteinte à vos droits ou à vos libertés, et qu’il y a une urgence à agir. Vous voulez que la décision soit suspendue immédiatement parce qu’elle vous cause un dommage important et urgent.

C’est une procédure qui vous permet de demander au juge des référés de prendre, en urgence, des mesures pour préserver un droit ou une liberté fondamentale (exemple : liberté de réunion, liberté d’expression, droit à l’éducation, etc.) en cas d’atteinte grave et manifestement illégale par l’administration.

Conditions

Évidemment, rien n’assure que votre demande soit effective. En effet, il convient de respecter certaines conditions, appréciables par le juge :

  • Une situation d’urgence : Il faut justifier de la nécessité d’une décision urgente du juge des référés. L’urgence doit être particulièrement forte, et nécessiter une décision en quelques jours.
  • Une atteinte à un droit ou une liberté fondamentale : il faut montrer qu’une atteinte est portée à une liberté fondamentale protégée par la loi, par la Constitution ou par une convention internationale.
  • Une atteinte grave et illégale : Il faut montrer que l’atteinte portée à la jouissance de la liberté est une atteinte grave et manifestement illégale.

Le droit à l’égal accès à l’instruction a été reconnu comme une liberté fondamentale.

Attention : Vous n’êtes pas obligé de déposer un recours principal (requête au fond)

Démarches

Les démarches sont les mêmes que pour le référé suspension.

Finalité

Le juge des référés doit se prononcer dans les 48 heures du dépôt de votre requête.

Le juge des référés peut ordonner toutes les mesures nécessaires pour faire cesser l’atteinte grave à la liberté fondamentale (injonction, suspension, etc.). Il peut annuler la décision de l’administration qui est à la base de l’atteinte, ou donner une injonction à l’administration pour qu’elle agisse dans un sens déterminé.

Si le juge rejette votre demande, vous pouvez faire appel contre l’ordonnance de rejet dans un délai de 15 jours devant le Conseil d’État. Le Conseil d’État doit également se prononcer dans un délai de 48 heures.

Après le référé

En cas de victoire, l’administration doit exécuter la décision rapidement. Le juge lui fixe en général un délai pour s’exécuter.

En cas de défaite, il est nécessaire d’attendre la décision du recours au fond si on a introduit un référé suspension. Il est également possible de contester la décision devant le Conseil d’Etat.

Il est également possible de changer de procédure. Par exemple si le juge a estimé que le référé liberté n’était pas justifié, un référé suspension peut être introduit car l’urgence est moins exigeante pour cette procédure.


Pour avoir des conseils complémentaires sur ces démarches, vous pouvez questionner des services juridiques (certains sont gratuits), des contacts dans notre article :


Nous remercions Louis le Foyer de Costil pour son aimable relecture et précieux conseils
https://nausica-avocats.fr/

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