Ecrit par Sylvain Cariou - 27 avril 2020
Référent Handicap pour les accueils de loisirs
Sylvain Cariou nous présente ses missions de Référent Handicap pour les accueils de loisirs de la Vienne.
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Enfants au centre social de la Vienne


Les missions d'un Référent Handicap pour les accueils de loisirs de la Vienne et le PARI 86 (Pole d'Appui et de Ressources à l'Inclusion)

Qu’est ce qui a amené une fédération d’éducation populaire à s’intéresser à la question du handicap et à créer ce dispositif ?

A partir de 2008/2009, plusieurs groupes d’acteurs des Accueils de Loisirs Sans Hébergement (ALSH) de la Fédération des Centres Sociaux de la Vienne (animateurs, directeurs) s’interrogent sur l’accueil d’enfants en situation de handicap sur leurs structures. L’accueil était déjà une réalité, mais les équipes éprouvaient parfois des difficultés à accueillir dans de bonnes conditions. Ces groupes évoquent leur méconnaissance de ce public, l’absence de partenariat avec les structures médo-sociales et s’interrogent sur leur légitimité à accueillir.

Constatant l’absence de réponse formalisée sur le département, la Fédération des Centres Sociaux de la Vienne (FCSV) décide d’aller observer d’autres initiatives existantes en France pour s’inspirer de ces expérimentations et évaluer la faisabilité de construire un dispositif dans la Vienne. La FCSV se positionne comme porteur du projet, considérant que le futur dispositif s’adressera aux ALSH, plus qu’au public handicapé. L’accompagnement des accueils de loisirs en milieu ordinaire étant une des missions de la FSCV. Elle promeut l’accès aux accueils de loisirs à tous les enfants d’un territoire, y compris donc aux enfants en situation de handicap.Avec l’appui de la CAF, de la DDCS, du Conseil général et de la MSA, il est donc convenu de créer un poste de référent handicap pour les ALSH de tout le département. Cette expérimentation débute en septembre 2010.

En juillet 2019, dans le cadre d'un partenariat entre la Fédération des Centres sociaux de la Vienne et les PEP 86, un transfert de poste a été opéré vers ces derniers. C'est la rencontre d'un mouvement d'éducation populaire et du médico social, et la naissance d'une nouvelle apellation : le Pole d'Appui et de Ressource à l'Inclusion de la Vienne (PARI 86).
Le dispositif est donc désormais porté par les PEP 86

Quels sont vos missions et votre rôle ?

Depuis que ce poste existe, mes missions ont évoluées en fonction des besoins identifiés. Aujourd’hui, je propose 4 axes d’interventions qui concourent tous à favoriser l’inclusion :

  • J’accompagne les ALSH ayant reçu une demande de parents en organisant une rencontre partenariale avec tous les acteurs éducatifs de l’enfant (parents, direction de l’accueil, éducateurs, instituteurs, AVS….). Cette rencontre a pour objet d’évaluer ensemble la faisabilité de cet accueil par rapport aux besoins de l’enfant et la capacité de la structure à pouvoir y répondre. Par ailleurs, des freins étant éventuellement identifiés grâce aux acteurs éducatifs de l’enfant, cela me permet de proposer des aménagements qui seront ensuite travaillés avec les équipes d’animations. Nous travaillons sur l’aménagement de l’environnement d’accueil (rythme, activités, accessibilité, communication…).
  • J’anime des modules de sensibilisation sur le handicap pour les équipes d’animation du département. Ce sont des modules gratuits qui visent à lutter contre les représentations. Ils permettent d’exprimer d’éventuels freins ressentis et de donner des pistes de réflexions pour dédramatiser l’accueil.
  • Je forme les professionnels permanent des structures d’accueil (animateurs permanent, directeurs) sur plusieurs thématiques sur l’accueil de la différence J’interviens également dans le cadre de formations des métiers de l’animation.
  • Enfin, je mets à disposition des ALSH des malles pédagogiques spécialement créés pour aborder avec tous les enfants la question du handicap, et plus généralement les différences et le vivre ensemble. Ces supports (livres, DVD, jeux…) visent à aider les animateurs à aborder ce sujet qui peut interroger ou inquiéter avec des outils ludiques qui dédramatisent

fcvscariou

Quels sont vos missions et votre rôle auprès des familles ?

Ma mission est d’accompagner les ALSH du département dans leurs démarches d’inclusion du public en situation de handicap. Je n’accompagne pas directement les familles, je les invite à solliciter l’organisme de leurs choix pour effectuer les démarches d’accueil de leur enfant comme toute autre famille.

En revanche, je me rends disponible auprès de l’ALSH choisi pour préparer l’arrivée de l’enfant. Les parents sont toujours associés à cette démarche de construction de l’accueil sur mesure.

Mon rôle consiste aussi à considérer les limites de l’accueil en milieu ordinaire. Si l’accueil ne peut avoir lieu dans la structure choisie par la famille, j’accompagne alors les parents vers d’autres alternatives (séjours adaptés, autre ALSH..)

Une fois que l’enfant est accueilli, êtes-vous sollicité en cours d’accueil ?

Dans la très grande majorité des accueils que j’ai pu préparer (113 à ce jour), la phase de préparation, si elle a pu s’effectuer correctement (association des acteurs, anticipation de l’inscription, écoute des craintes, soutien aux équipes, aménagement de l’environnement..) suffit à accueillir dans de bonnes conditions. L’accueil se fait dès lors avec les mêmes ajustements que pour n’importe quel autre enfant.

Néanmoins, il arrive que pendant le séjour, on réajuste ou modifie certains outils imaginés pour favoriser l’inclusion qui ne s’avère pas pertinent (rythme d’accueil, individualisation de l’accompagnement, utilisation de pictogrammes, changement de méthode pour l’accompagnement aux actes de la vie quotidienne..).

Enfin, je constate qu’à partir du moment où l’équipe d’animation a eu le temps de connaitre l’enfant et de se familiariser à sa personnalité, ses habitudes, ses besoins, leurs compétence d’animation et leur créativité leur permettent la plupart du temps d’adapter l’accueil au fur et à mesure de son déroulement.

L’intervention du référent handicap n’est alors pas toujours nécessaire et c’est tant mieux. Notre objectif est de permettre à chaque structure de s’approprier une méthode d’accueil pour qu’à terme, une intervention extérieure ne soit plus nécessaire. Ce sera alors le signe que la démarche d’inclusion se banalise.

Comment se saisissent les différents acteurs du territoire de la question de l’accueil de l’enfant en situation de handicap dans le secteur des loisirs?

Pour les ALSH en milieu ordinaire de notre département, la « politique » de chacune de ces structures est très diverse. J’ai donc des ALSH qui ont une solide expérience de ces accueils et qui la formalise (projet pédagogique, éducatif, thématique du handicap abordé lors des entretiens de recrutement des animateurs, utilisation de pictogrammes pour tous les enfants, emploi d’animateurs en situation de handicap…) et puis, d’autres structures qui « débutent » en accueillant pour la première fois. J’essaie d’organiser des temps de rencontres à l’échelle du département pour que les différentes équipes échanges et partagent leurs expériences.

Par ailleurs, la Caisse d’Allocation Familiale de notre département est très investie sur la question de l’accueil de tous les enfants, en participant à mon poste et en accompagnant financièrement les ALSH de la Vienne.

Enfin, la DDCS de la Vienne organise régulièrement des tables rondes, formations et autres rencontres autour de la question du handicap. Tous les ALSH sont alors sensibilisés à cette question.

Sur le département, comment les différents acteurs travaillent-ils ensemble cette question ?

Au démarrage de notre action, le maillage partenarial était faible. Il existait peu de temps et d’espaces où tous les acteurs éducatifs étaient réunis pour construire un projet d’accueil partagé. En fonction des interlocuteurs, l’enfant était alors soit «un fils » (parents), un «élève » (éducation nationale), un «usager » (éducation spécialisée), un «patient » (pédo psychiatrie)….bref, il a fallu amorcer les conditions d’un travail en partenariat avec des acteurs qui n’avaient pas le même vocabulaire, les mêmes objectifs, ni les mêmes moyens… Le fait de proposer à ces acteurs, de culture différente, de s’associer pour travailler l’accueil en ALSH a permis de casser les représentations des uns et des autres et de construire ensemble un projet d’accueil pour les vacances.

S’il reste encore du travail pour associer davantage la MDPH de la Vienne dans cette dynamique, avec le recul de ces 5 ans d’expérimentations, je vois aujourd’hui des structures médico-sociales se préoccuper de l’accueil en ALSH, des équipes d’animations s’autorisant à solliciter les IME par exemple, des parents qui s’autorisent aussi à penser l’accueil de leurs enfant sur l’ALSH de leur village ou de leur quartier…

A partir de situations singulières, des initiatives se sont montées sur le département, par exemple des rencontre régulières entre enfants d’ALSH et enfants d’un IEM, des ALSH qui font du handicap la thématique de leur vacances et bien d’autres.

Mon intervention en tant que tiers neutre a permis des ponts entres des acteurs qui jusque-là étaient « cloisonnés » au profit de l’enfant et de sa famille.

Je crois que la Vienne est aujourd’hui un territoire observé, et reconnu pour ses initiatives pour promouvoir le vivre ensemble et l’accès aux dispositifs de droits communs.
D’ailleurs, à l’échelle de la région Poitou-Charentes, des initiatives similaires sont en train de voir le jour en s’inspirant du dispositif de la Vienne.
Et, à partir de notre région, nous espérons pouvoir, à l’avenir, fédérer toutes les autres initiatives de France, car elles existent et elles mériteraient de pouvoir se rencontrer pour essaimer leur modèle et partager leurs expériences d’inclusion.

Enfin, la question de l’inclusion dans tous les lieux de vie de l’enfant s’est étendue au champ de la petite enfance ; ainsi début 2015, la FCSV et l’ACEPP 86, ont créé et portent le poste de référente handicap pour les structures d’accueil du jeune enfant (crèches, RAM..).

Entre 2011 et 2020, ce sont près de 350 enfans de 0 à 18 ans (ALSH, EAJE et ass mat) qui ont été accompagnés dans leur projet d'accueil et plus de 1500 professionnels de l'animation et de la petite enfance qui ont été formés par les 2 référents handicap.


Contact

PARI 86 (Pole d'Appui et de Ressources à l'Inclusion)
https://www.facebook.com/86PARI/

 

Écrit par...

pari 86
Sylvain Cariou
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Référent Handicap pour les accueils de loisirs de la Vienne
PARI 86- Pôle d'appui et de ressources à l'inclusion de la Vienne

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priscillia
03 février 2016

bonjour cet article est très enrichissent et me donne encore plus envie de me battre pour mon projet d' handi-sitting ou l'accueil d'enfants porteur de handicap en structure sur Dijon! Je suis AMP pouvez vous me dire comment devenir Référent Handicap pour les accueils de loisirs? cordialement
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Cariou sylvain
14 mars 2016

En réponse à par priscillia

Bonjour et bravo pour votre projet d'handi sitting et d'inclusion générale. Personnellement, je suis devenu référent handicap (un métier à inventer..) grâce à la mobilisation partenariale locale. C'est en effet dans le cadre d'un partenariat fort entre la fédération des centres sociaux 86, la CAF, la DDCS, la MSA et le CG 86 que ce projet expérimental à pu voir le jour. La question de l'inclusion en milieu ordinaire étant la responsabilité de tous, je ne peux que vous inviter à aller solliciter vos partenaires locaux pour leur soumettre un tel projet. Par ailleurs, je vous informe que le CSC de Bressuire en Deux-Sèvres (79) a une solide expérience du Handi-sitting...n'hésitez pas à les solliciter. Enfin, je reste disponible pour toute question pouvant vous aider à développer votre projet. Sylvain Cariou.

Bonjour, En vous lisant, je voulais vous faire part de mon expérience comme référent handicap car c'est en parlant de nos parcours que l'on pourra faire avancer et bouger les choses. C'est vrai que c'est un métier à inventer ! J'ai débuté dans le spécialisé il y a 7 ans en tant qu'auxiliaire de vie scolaire (Education Nationale) dans une Clis avec des enfants présentant des troubles cognitifs. Il y a 4 ans avec l'aide des parents, mon enseignante et moi-même avons rencontré le maire de notre commune pour réfléchir à un poste de référent handicap sur la commune. L'idée, c'était d'assurer une continuité de prise en charge de l'enfant sur le temps scolaire, périscolaire et extrascolaire. Notre Municipalité très investit dans le champ du handicap a voulu créer ce poste pérenne qui dépendrait du Centre Communale d'Actions Sociales (CCAS). Il y a 4 ans j'ai donc été embauché en tant qu'adjoint d'animation spécialisé. Ma mission s'exerce à l'école aux côtés de l'enseignante et de l'AVS-CO (AESH-Co). Je suis présente à l'école en journée continue, sur le temps de cantine et j'assure la coordination avec les parents, éducateurs, orthophonistes...Je suis en lien avec les animateurs de l'ALAE (midi et TAP) et avec le directeur de l'ALSH (mercredi et vacances scolaires). Je suis en contact également avec les clubs et associations sportives des communes de la région pour faciliter l'accueil des enfants en situation de handicap. Cette création de poste a fait ses preuves depuis 4 ans. J'espère que d'autres postes comme celui-ci pourront se développer. Il faut juste se poser la question ? Qui finance ? Bonne continuation. Béatrice

Bonjour, Votre message me conforte dans mon projet de favoriser l'accueil des enfants et adolescents en situation de handicap sur les temps périscolaires, extrascolaires et en ALSH. Votre expérience fait écho à la mienne car j'ai travaillé deux ans en qualité d'AESH-Co dans un collège auprès d'élèves présentant des troubles cognitifs, et je travaille actuellement en tant qu'auxiliaire d'intégration auprès d'étudiants porteurs de tout type de handicap à l'université. Je suis également animatrice en ALSH depuis 7 ans. J' ai ainsi été confrontée à la question de l'inclusion en milieu ordinaire, et notamment dans le cadre d'activités de loisirs ou d'accès à la culture. C'est pourquoi j'ai ce projet en tête. Pouvez-vous m'en dire plus sur vos missions et la façon dont vous avez concrétisé votre projet ? Cordialement Marion B.

ALONCLE
16 février 2016

Bonjour, J'aimerais devenir référent handicap pour les enfants handicapés ; je suis enseignante en primaire (en congé par nécessité) et j'ai deux enfants autistes que j'accompagne depuis des années dans de nombreuses structures et chez des professionnels. Je voudrais travailler dans ce domaine : comment devenir référent handicap et dans quel cadre exercer (public, privé, libéral) ? Merci
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Bonjour, comme l'indique Sylvain Cariou, le métier de "référent handicap" n'existe pas en tant que tel. Ce sont des fonctions et des missions créées par certaines collectivités (par exemple) pour avoir une personne ressources sur la question de l'accueil des enfants en situation de handicap sur un territoire donné. Par ailleurs dans l'Education nationale, il existe aussi une fonction intéressante qui est celle d'Enseignant référent : http://www.enfant-different.org/selection/75-education/203-enseignant-r… Bien cordialement L'équipe d'Enfant-différent

Bouliere Simon
25 mars 2016

Je me permets d'écrire, pour répondre aux postes précédents et éclairer peut être quelques personnes sur ce poste et ses fonctions. Mon poste a été créé en Octobre 2015 au Centre Social de Cusset à Villeurbanne suite à un financement de la CAF et à la volonté de la Ville de développer l'accueil du handicap dans les différentes structures. Je suis donc en contrat CUI-CAE. Mes fonctions: ... pour lire la suite du message : http://forum.enfant-different.org/viewtopic.php?f=4&t=10499
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Bonjour, Je suis responsable d'un AlSH et mère d'un enfant en situation de handicap. J'ai travaillé sur l'inclusion des enfants en situation de handicap avant d'être maman. J'ai été accompagné sur ce sujet par le réfèrent handicap de mon département. Ce travail m'a beaucoup apporté professionnellement mais c'est surtout la rencontre avec les parents d'enfants en situation de handicap : ces rencontres m'ont éclairées sur les attentes de ces parents, sur ce besoin de neutralité, ce besoin de loisirs sans attentes . Elles m'ont montré l'intérêt de poser des temps d'échange avec les familles qui ont tellement d'outils pour comprendre leurs enfants et permettre un accueil de qualité. Aujourd'hui je suis une maman d'un enfant en situation de handicap et une professionnelle en attente d'évolution : l'évolution de notre société pour une inclusion des enfants, l'évolution des formations des animateurs qui ne considère leurs travails qu'au travers de projet d'animation et de mené d'activité et non dans la globalité : l'accueil de tous dans un lieu neutre, l'évolution des autres lieux de vie de mon enfant : quel club sportif sans être "cantonné" à des institutions sur le handicap, quel accueil dans les Temps d'Activité Périscolaires... On dit que le handicap d'un enfant isole le parent : je confirme : lire la suite : http://forum.enfant-different.org/viewtopic.php?f=1&t=10506