Ecrire…
02.06.2025 Témoignages Temps de lecture : 4 min

C’est le témoignage d’une mère. Une mère qui a mis au monde un enfant avec une malformation crânienne. Une mère qui se raconte sans tricher à travers le parcours de son fils…

Écrire pour témoigner de son histoire

Mon premier enfant est né avec une malformation crânienne. Il a été opéré trois fois avant l’âge de dix-huit mois. Aujourd’hui, il va bien, il a un dossier MDPH et refait sa grande section de maternelle.

J’avais la prétention de croire mon histoire singulière, je pensais qu’elle avait de la gueule, les ingrédients du panache, mais je réalise aujourd’hui avec un mélange de déception pas bien assumée et de soulagement, à quel point elle est universelle. Je pensais mes doutes, mes échecs, mes découragements, personnels, individuels liés directement à la différence de mon fils et à la mienne, en tant que maman, d’un bébé différent.

Quand je découvre finalement, grâce à l’écriture, leur polyvalence, quand je découvre que, oui, l’obscurité, la perplexité, la culpabilité, l’angoisse accompagnent bien d’autres situations que la mienne.

Et c’est parce qu’aujourd’hui, j’ai fini de me regarder le nombril que je m’autorise à témoigner de toutes mes imperfections.

Écrire pour mieux se comprendre

Quand j’ai commencé à écrire, je me suis demandé pourquoi j’avais encore envie d’écrire sur mon fils. J’avais déjà souvent griffonné mes peurs sur un coin de table. Mais cette fois, j’ai eu besoin d’écrire autrement. Écrire vrai. Quelque chose de frontal, sans détour, pas d’enrobage. Accepter mes ressentis, tels qu’ils sont, les livrer bruts, comme un corps nu avec ses plis et ses bourrelets. Une photo sans aucune retouche.

Enfin dire tout haut ce que je pense tout bas depuis longtemps, mais que je n’osais pas me formuler jusqu’alors, de peur de choquer les autres, de peur de me choquer moi-même. Confesser mes ratés, mes vertiges, livrer ma colère, mes égarements lors des consultations à l’hôpital, mon impuissance de n’être que sa mère.

Mon ignorance aussi, comme un complexe face aux brillants médecins, ma honte face aux regards des autres. Pire, ma honte d’avoir honte.

Et ma culpabilité bien sûr dans mon parcours de maman débutante entrée par une porte bien trop grande pour elle, une porte qui ressemble à un grand vide : la porte hospitalière.

Écrire, c’est s’accepter soi-même

Parce que oui, elle est cabossée notre histoire, brutale, rude pour un début que j’espérais si doux. Je savais que j’aurais peur pour lui, j’espérais juste que ce serait uniquement par précaution, par nature, parce qu’il est mon bébé et que je suis sa mère, parce que sa naissance à lui s’accompagne forcément de ma trouille à moi, irrationnelle et absurde. Mais elle devait le rester ma trouille, irrationnelle et absurde, pourtant elle est devenue bien réelle, avec une forme, un genre et un nom.

Mais tous les deux, c’est aussi un lien indéfectible constitué de nos deux routes tressées ensemble depuis le commencement. Ce lien empreint d’espoir, de découvertes et de victoires nous maintient solidement attachés depuis les premières tempêtes, jusqu’à aujourd’hui.

Notre histoire est imparfaite comme je le suis, moi aussi. Mais maintenant ça ne me dérange plus. Au contraire, j’ai même un peu de tendresse pour mes faiblesses et mes erreurs, parce qu’elles font de moi, une maman normale.

couverture du livre d'une maman d'un enfant handicapé

Synopsis La vie normale

C’est le témoignage d’une mère. Une mère qui a mis au monde un enfant avec une malformation crânienne. Une mère qui se raconte sans tricher à travers le parcours de son fils. L’épreuve des opérations, le désarroi lors des consultations, l’hôpital, ce microcosme parallèle. On la suit durant les premiers dix-huit mois de vie de son petit garçon. Et l’on assiste à ses cris intérieurs, à sa peur, sa honte, sa culpabilité, sa colère et à son impuissance. On l’entend subir, on l’entend fléchir, s’évader aussi, et donner chair à son silence pendant que les médecins annoncent, et que leurs mots bouleversent…Mais on l’écoute aussi nous parler de cet amour inconditionnel, de ce lien universel qui unit une mère à son enfant.

Publié chez Hello éditions, 2025

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